Le triangle à l’intérieur de soi
- Anne Besure

- 28 mai
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 3 oct.

On parle souvent du triangle dramatique dans nos relations aux autres. Mais qu’en est-il de ce même triangle, quand il se rejoue à l’intérieur de soi ? Cet article propose une autre lecture: celle de nos dialogues intérieurs, où se croisent la Victime, le Sauveteur et le Persécuteur, souvent à notre insu.
Le triangle intérieur : une scène à huis clos.
Quand un moment devient difficile, qu’il y a de la tristesse, de la fatigue, un sentiment d’être dépassé, une première voix entre en scène:
La Victime: " Je n’y arrive pas. Je suis trop faible."»
Puis surgit une autre voix :
Le Sauveur: " Allez, courage, il faut faire-ci, fais donc un effort. "
Et si cela ne suffit pas, une troisième voix se manifeste:
Le Persécuteur: " Tu n’y arrives jamais. Tu recommences encore. Tu ne changeras pas."
Ces trois voix tournent, se répondent, s’opposent. Et à force, l’élan intérieur s’épuise. Une sensation de vide, de coupure de soi peut apparaître.
Le triangle vole l’énergie.
On passe de l’encouragement au découragement. Du contrôle à la honte. De la pression à l’effondrement.
À l’intérieur, il y a tour à tour la part qui souffre, celle qui veut réparer, et celle qui juge.
Et peu à peu, la croyance s’installe que “le problème, c’est moi”. Alors qu’en réalité, c’est la structure intérieure qui fatigue.
Pourquoi ce triangle intérieur s’installe ?
Parce que c’est un schéma appris.
Peut-être qu’enfant, il y a eu peu d’écoute, mais beaucoup d’attentes.
Des moments de valorisation en cas de réussite, d’indifférence en cas de difficulté.
Alors il a fallu apprendre à se juger avant d’être jugé, à se débrouiller seul, à faire taire les besoins.
Ce triangle intérieur est une forme d’auto-régulation……mais sans douceur.
Il n’est pas nécessaire de faire taire ces voix.
Ce serait une lutte de plus. Il n’est pas nécessaire non plus de les fuir. On peut apprendre à les écouter autrement, depuis un autre espace intérieur : celui de l’Observateur.
L’Observateur: la part en soi qui regarde sans juger.
L’Observateur n’essaie pas de corriger. Il accueille ces voix avec une forme de tendresse lucide.
Il remarque simplement: " Tiens, une part se sent dépassée… une autre essaie de réparer… et voici le juge qui s’installe. "
Mais il ne se laisse pas happer.
Il reste là, présent, témoin. Et dans cette posture, la liberté réapparaît.
L’Observateur redonne l’axe.
Quand l’Observateur est là, l’intérieur ne s’agite plus de la même façon.
Il y a de la présence à ce qui se vit, sans s’y perdre.
Un espace s’ouvre.
Dans cet espace, une autre réponse devient possible:
rester avec ce qui est, même dans l’inconfort.
Et cela devient une vraie sortie du triangle.
Un exercice doux pour cultiver l’Observateur.
Quand le triangle intérieur commence à se rejouer, il est possible de faire une pause.
Fermer les yeux. Respirer. Et se demander, intérieurement:
" Qui parle, là ?"
" Quelle voix s’exprime ?"
" De quoi cette part a-t-elle besoin ? "
" Et moi, qu’est-ce que je choisis d’écouter ? "
Sortir du triangle, ce n’est pas "aller bien".
C’est retrouver un axe, une souveraineté.
Ce n’est pas ne plus jamais faiblir.
C’est pouvoir rester au centre de soi et dire à toutes les parts: " Je vous entends. Et je choisis d’écouter ce qui est sage en moi. "
Et là, un espace s’ouvre. Un vrai. Celui où il n’y a plus besoin de fuir, ni de lutter, mais juste d’être là.
Présent à soi.
Pour de vrai.
Et si certains maux du corps étaient liés à des dynamiques inconscientes ? Dans le prochain article, nous verrons comment le rôle de Victime peut parfois s’exprimer à travers des douleurs physiques, sans que cela soit volontaire ou conscient.
Chaleureusement,
Anne
🌿 À bientôt pour la suite !
Note : Le triangle dramatique a été proposé à l’origine par Stephen Karpman. Ce que je partage ici est une lecture personnelle, pour aider à mieux comprendre ce qui se joue en soi ou dans les relations.



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