Revenir à soi, reconstruire sa barque.
- Anne Besure
- 25 juin
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 3 juil.

Sortir durablement du triangle dramatique et retrouver une souveraineté douce.
La fin du triangle ne ressemble pas à une victoire. Il n’y a pas de feu d’artifice, pas de certitude éclatante.
Sortir du triangle ne donne pas le sentiment d’avoir “gagné”.
Mais quelque chose change. Un décrochage discret, presque silencieux.
Ce moment où l’on réalise qu’il n’y a plus besoin de se battre, plus de rôle à jouer, plus d’énergie à dépenser dans le “toujours plus”.
C’est là que commence un autre rapport à soi: moins spectaculaire, mais plus vrai.
On ne choisit pas les vagues, mais on peut choisir sa barque.
Les tempêtes ne disparaissent pas. Les émotions inconfortables non plus.
Mais il devient possible de ne plus les traverser dans l’ancienne barque, celle de la fuite, de la tension, de la culpabilité.
Il est possible d’en construire une autre: plus consciente, plus habitée. Pas parfaite, mais suffisamment stable pour rester en lien avec soi.
Construire une autre barque, qu’est-ce que cela veut dire?
C’est créer des réponses nouvelles aux tempêtes anciennes.
Inventer des gestes qui relient au calme intérieur.
Se dire: « Je m’écoute autrement. Je prends soin autrement. »
Concrètement, cela peut ressembler à:
– une respiration lente, chaque soir, mains posées sur le ventre;
– un carnet où déposer ce qui traverse, sans filtre;
– un geste simple (bougie, tisane, silence) pour se recentrer;
– un mot-clé, comme un fil d’ancrage: « Je suis là. Je reste avec moi. »
Petit à petit, chaque geste façonne la barque, comme on sculpte un abri dans le temps.
Et, jour après jour, on apprend à l’habiter.
Ce n’est pas grave de remonter dans l’ancienne.
Parfois, l’ancien réflexe revient: un verre en trop, une réaction automatique, et le triangle reprend vie.
Mais il y a désormais une lucidité nouvelle, et cette lucidité change tout:
elle permet de revenir plus vite, avec plus de douceur parce qu’un autre espace existe, et qu’on l’a déjà touché.
Revenir à soi, c’est retrouver une souveraineté douce.
Il n’est pas nécessaire de devenir “quelqu’un de mieux” ni d’être fort, lucide ou exemplaire à chaque instant.
Il suffit de pouvoir dire, même au cœur du flou:« Je suis là. Je m’écoute. Je me respecte. »
Cette posture est une forme de souveraineté intérieure. Elle n'est ni autoritaire, ni rigide.
Cette posture est stable, profonde, vivante.
Et maintenant ?
Il n’y a pas de ligne d’arrivée.
Juste un chemin qui se trace à l’intérieur, un mouvement qui part du regard, de la posture, du lien qu’on tisse avec soi.
Et surtout, cette possibilité de se construire un lieu où il n’est plus nécessaire de fuir, ni de se juger.
Juste être là, et peut-être se dire: « Je n’ai plus besoin de tout comprendre. Je suis en train d’habiter ma propre présence. »
Cette série se referme ici, mais le travail intérieur, lui, continue. Le triangle n’est pas un ennemi à combattre, mais une carte à décrypter. Et à travers chaque détour, chaque retour à soi, une autre voie s’ouvre : plus libre, plus vivante, plus consciente.
Chaleureusement,
Anne
Note : Le triangle dramatique a été proposé à l’origine par Stephen Karpman. Ce que je partage ici est une lecture personnelle, pour aider à mieux comprendre ce qui se joue en soi ou dans les relations.
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