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ANNE BESURE

Fondatrice de Accemo® | Soins Harmonisants
Experte en accompagnement des traumatismes
Auteure | Illustratrice

Remonter à la source. Ce que l'on cherche vraiment à fuir dans la dépendance.

Dernière mise à jour : 3 juil.

Anne Besure

Ce que l’on cherche vraiment à fuir dans la dépendance.

Il y a toujours un moment où ça bascule. Un instant flou mais réel, où le besoin de boire, de manger, de fumer, de scroller, de fuir… devient plus fort que tout le reste.

Comme si quelque chose prenait le dessus, sans laisser le temps de réfléchir.

Et alors, on dit: “J’ai craqué. Je ne sais pas pourquoi.”

Mais ce “je ne sais pas” cache souvent un noyau émotionnel profond, ancien, silencieux. Quelque chose qu’on cherche à éviter, plutôt qu’à écouter.


La substance n’est pas le problème. C’est une réponse.

Boire, grignoter, consommer, scroller… ce sont des gestes-réponses. Ils arrivent après quelque chose. Ce sont des tentatives de régulation émotionnelle, souvent automatiques, parfois héritées, rarement conscientes.

On ne boit pas “pour le plaisir”, on boit pour éviter une tension.

On mange pour combler un vide.

On scrolle pour ne pas sentir.

La vraie question n’est pas “Pourquoi je recommence ?”Mais: “Qu’est-ce que j’essaie d’éviter, exactement, dans ces moments-là ?”


Sous la dépendance: une émotion source, un moment déclencheur.

En ralentissant, en observant, en revenant à l’instant juste avant…il est souvent possible de découvrir :

  • Une blessure de rejet rouverte par un mot ou un silence.

  • Une angoisse diffuse, un trop-plein impossible à dire.

  • Une solitude invisible, même au milieu des autres.

  • Une fatigue accumulée, restée sans écoute.

  • Une vieille croyance qui revient: “Je ne suis pas assez”.

Ce sont ces instants là qu’on fuit. Souvent sans le savoir.


Pourquoi c’est difficile à voir ?

Parce que l’enfant intérieur n’a peut-être jamais appris à se sentir en sécurité dans l’émotion.

Il a appris à tenir bon, à ne pas déranger, à avancer coûte que coûte.

Alors aujourd’hui, l’adulte reproduit le même mouvement : fuir au lieu de ressentir, agir au lieu de nommer.

Et la substance devient un raccourci, plus simple que traverser et plus rapide que rester.


Remonter à la source, c’est un acte de courage doux.

Ce n’est ni fouiller dans le passé, ni une analyse sans fin.

C’est un ralentissement, une pause intérieure assez longue pour se demander: “Qu’est-ce que je ressens, là, maintenant ?”

Il n’y a pas besoin d’avoir une réponse parfaite.

Juste une permission : ressentir sans fuir.


Un exemple concret:

Chaque soir, il y a ce verre de vin.

Mais un soir, une pause.

Le corps s’assoit.

Les yeux se ferment.


Et quelque chose monte dans la gorge.

Une boule. Un serrement. Une émotion.

C’était de la tristesse.

Tristesse de ne pas être rejoint.e, de devoir être fort.e tout le temps.


Et là, quelque chose s’ouvre.

Il n’y aura pas de verre ce soir-là.

Non par résistance, mais parce qu’un autre lien s’est tissé à l’intérieur.


L’Observateur comme compagnon de retour.

Dans cette exploration, l’Observateur est précieux.

Il n’analyse pas, il ne juge pas et il ne corrige rien.

Il propose autre chose en disant: “Et si tu écoutais ce qui, jusqu’ici, n’avait jamais eu le droit d’exister ?” “Et si tu déposais ce qui pèse, au lieu de l’éteindre ?”


Remonter à la source, ce n’est pas se faire mal.

C’est enfin se rencontrer.

Ce chemin n’est pas linéaire car il y aura des jours où l’on évite, et c’est OK.

Mais chaque fois qu’il y a un arrêt, même bref, chaque fois qu’on regarde sous le réflexe, un peu d’espace s’ouvre.

Et dans cet espace, on trouve un peu plus de liberté.


Dans le prochain et dernier article de cette série, il sera question d’une autre manière de traverser les situations difficiles : non plus en rejouant les rôles du triangle, mais en embarquant dans une barque intérieure, stable et silencieuse, depuis laquelle une autre relation à soi devient possible.


Chaleureusement,


Anne


Je vous invite à (re)lire le témoignage de D., à qui j'ai prêté ma plume dans le texte:


🌿 À bientôt pour la suite !


Note : Le triangle dramatique a été proposé à l’origine par Stephen Karpman. Ce que je partage ici est une lecture personnelle, pour aider à mieux comprendre ce qui se joue en soi ou dans les relations.





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