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ANNE BESURE

Fondatrice de Accemo® | Soins Harmonisants
Experte en accompagnement des traumatismes
Auteure | Illustratrice

Quand le costume s’est transformé en seconde peau...

Dernière mise à jour : 3 oct.


Anne Besure

Dans les articles précédents, j’ai parlé des rôles du triangle dramatique, Sauveteur, Victime, Persécuteur, comme de postures dans lesquelles nous pouvons tou·te·s glisser à certains moments, souvent sans l’avoir cherché. Des rôles dans lesquels on peut apprendre à se repérer, à respirer un peu plus librement, à sortir du scénario.

Mais il existe des situations où ces rôles ne sont pas juste des glissements ponctuels. Des cas où le costume n’est pas seulement un accessoire… mais est devenu pratiquement une seconde peau.

Parce que quand ces postures là ont été les seules options possibles dès l’enfance, quand elles ont été la seule façon de rester en sécurité, d’être aimé·e, de trouver une place, elles ne sont plus de simples stratégies relationnelles: elles deviennent structurelles. Elles s’ancrent dans l’identité, elles façonnent la manière d’être au monde.


Quand aider devient le seul moyen d’exister… Quand subir devient une habitude de survie… Quand attaquer devient la seule voie pour être entendu·e…

Ces rôles, pris très tôt, ne sont pas choisis consciemment. Ils sont souvent la réponse la plus fine, la plus intelligente, que l’enfant a trouvée pour naviguer dans un environnement qui ne lui a pas laissé beaucoup d’autres options.

  • Être celui qui sauve tout le monde, parce que personne n’était là pour lui.

  • Devenir celui ou celle qui attend en silence, parce que parler n’a jamais rien changé.

  • Apprendre à râler, attaquer, menacer, parce que c’est la seule façon qu’on a connue pour poser des limites.

Dans ces cas-là, ce n’est pas juste un rôle: c’est une manière d’exister.


Observer, ici, ce n’est pas " lâcher prise "… c’est d’abord reconnaître ce qui a protégé.

Quand le rôle est structurel, on ne le dépose pas comme on pose une veste. Parce que derrière cette posture, il y a souvent une peur profonde: la peur d’être abandonné·e, rejeté·e, invisible, impuissant·e.

Alors, avant de vouloir " changer de rôle ", il y a une autre étape:


  • Voir ce rôle.

  • Le reconnaître, sans le juger.

  • Honorer la fonction qu’il a eue : protéger, survivre, tenir.


Observer, dans ces cas-là, ce n’est pas s’éloigner de soi. C’est au contraire se rapprocher, doucement, de ces parts de soi qui ont fait de leur mieux avec ce qu’elles avaient.


Quand le costume est devenu une seconde peau, le chemin demande souvent du temps… et du soutien.

Parce que ce n’est pas un travail sur soi comme on fait ses devoirs. Ce n’est pas une question de volonté, ni d’effort. C’est souvent un chemin de réparation intérieure, une réconciliation avec l’histoire qu’on a portée, parfois sans même savoir qu’on la portait.

Et dans ce chemin là, le regard extérieur, l’accompagnement bienveillant, la présence d’un tiers sont souvent précieux. Pour aider à dénouer ce qui s’est noué si tôt. Pour apprendre, petit à petit, qu’on peut exister autrement, sans cette armure.


Dans le prochain article…

Parce que ces rôles peuvent, dans certains contextes, être utilisés par l’autre comme des leviers de domination, nous irons voir à quel moment on quitte le triangle dramatique… et à quel moment on entre dans l’emprise. Pour mieux comprendre quand les jeux de rôles deviennent piège, et quand il devient vital de poser d’autres mots, d’autres gestes, pour se protéger.


Chaleureusement,


Anne


Note : Le triangle dramatique a été proposé à l’origine par Stephen Karpman. Ce que je partage ici est une lecture personnelle, pour aider à mieux comprendre ce qui se joue en soi ou dans les relations.

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