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ANNE BESURE

Fondatrice de Accemo | Soins Harmonisants
Experte en accompagnement des traumatismes
Auteure | Illustratrice

L’Observateur : celui qui regarde la scène sans monter sur scène

Dernière mise à jour : 19 mai


Une pièce, trois rôles… et un fauteuil au fond de la salle

Si vous avez suivi les épisodes précédents, vous connaissez maintenant les trois “stars” du triangle dramatique de Karpman :

  • Le Sauveteur, toujours prêt à aider (même quand personne n’a demandé).

  • La Victime, souvent coincée dans l’attente qu’on vienne la sortir de là.

  • Le Persécuteur, qui pique, critique, attaque… quand il ne sait pas comment dire autrement.


Mais il existe un quatrième rôle, plus discret, qu’on oublie souvent de mentionner. Celui qui ne monte pas sur scène, qui ne prend pas de costume, mais qui regarde la pièce depuis les coulisses, ou confortablement installé dans un fauteuil au fond de la salle.

C’est l’Observateur. Celui ou celle qui voit les rôles, les dialogues, les réactions… mais sans s’y laisser happer.


L’Observateur, ce n’est pas le “sage parfait” ni le “coach de vie zen” (ouf)

Ne vous méprenez pas : l’Observateur, ce n’est pas un robot détaché de tout, qui plane au-dessus des émotions. Il ou elle ressent aussi. Mais il y a cette petite chose en plus : un demi-pas de recul, juste assez pour ne pas confondre “ce que je ressens” avec “ce que je suis obligé·e de faire”.


L’Observateur, c’est la voix intérieure qui peut dire :


  • « Tiens, là, je sens que j’ai envie de sauver… mais est-ce que c’est vraiment ce qui est juste ? »

  • « Ouh, là je bouillonne… comment je pourrais dire ce que je ressens sans exploser ? »

  • « Est-ce que j’attends encore qu’on vienne me chercher… ou est-ce que je peux faire un pas de mon côté ? »


Observer, ce n’est pas fuir : c’est choisir

Observer, ça ne veut pas dire s’éloigner de soi, devenir indifférent·e ou passif·ve. Au contraire : c’est être là, pleinement, mais sans réagir au quart de tour. C’est prendre le temps de regarder:

  • Quel est mon rôle, là, tout de suite ?

  • Qu’est-ce que ça me fait, de jouer ce rôle ?

  • Et si j’avais d’autres options que celles du scénario habituel ?

Parce que parfois, il suffit de voir qu’on est monté sur scène… pour pouvoir choisir d’en redescendre.


Comment inviter l’Observateur à s’asseoir à côté de soi ?

Quelques petites pistes pour nourrir cette posture :

  • Respirer avant de répondre.

  • Nommer ce que l’on ressent sans l’agir tout de suite.

  • Oser dire: « Je ne sais pas quoi faire là, je vais prendre un temps. »

  • Se poser la question: « Est-ce que je suis vraiment obligé·e de répondre maintenant ? »

  • Et surtout: cultiver la tendresse pour soi-même. Parce qu’on rejouera peut-être encore quelques scènes (c’est normal).Mais on pourra les voir venir… et ça, déjà, ça change beaucoup.


🎭 Le mot de la fin… ou peut-être celui du début ?

Repérer ces rôles, les voir se rejouer parfois…Ce n’est pas se juger. C’est simplement se donner une chance de sortir du pilote automatique, d’ouvrir un peu plus d’espace entre ce que je ressens et la façon dont je choisis d’y répondre.

Parfois, il suffit juste de pouvoir se dire: « Ah tiens, voilà que je ressors ma cape de Sauveteur… » ou« Oups, j’étais à deux doigts de dégainer la baguette du Persécuteur… »

Et rien que cette prise de conscience, toute simple, suffit déjà à desserrer l’étau.

Parce que dans cette pièce-là, on n’est pas condamné·e à rester coincé·e dans le même rôle. On peut, à tout moment, choisir de faire une pause, de descendre de la scène… ou de s’installer dans les gradins, respirer, observer, et peut-être répondre autrement.


Mais parfois… il ne suffit pas de voir. Parfois, ce rôle-là, on ne l’a pas juste joué une fois de trop : on l’a appris très tôt, , on l’a porté si longtemps qu’il est devenu comme une seconde peau.

Avant de parler de relations toxiques, avant même d’aborder la question de l’emprise, j’aimerais prendre un temps pour explorer cet endroit-là. Ce moment où le jeu devient habitude, où l’habitude devient identité. Parce que pour certaines histoires, sortir du triangle demande plus qu’un pas de côté: cela demande d’honorer ce qui, en nous, a eu besoin de ce costume pour tenir debout.


Ce sera l’objet du prochain article : quand le rôle devient une seconde peau, et que l’on ne sait plus comment faire sans lui…


Chaleureusement,


Anne


Note : Le triangle dramatique a été proposé à l’origine par Stephen Karpman. Ce que je partage ici est une lecture personnelle, pour aider à mieux comprendre ce qui se joue en soi ou dans les relations.



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