Quand le corps parle: douleurs inexpliquées et auto-sabotage dans le rôle de Victime.
- Anne Besure
- 4 juin
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 3 juil.

Une précision importante.
Ce que je partage ici est le fruit de mon expérience (notamment une triple hernie discale quand tout est devenu "de trop") et de ma sensibilité. Il ne s’agit en aucun cas de minimiser la souffrance des personnes malades, ni de suggérer qu’elles seraient responsables de ce qu’elles traversent.
Certaines maladies sont graves, imprévisibles, et ne relèvent pas d’un "message à décoder". Le respect du corps passe aussi, selon moi, par le respect du mystère et de la complexité de ce qu’il vit.
Je crois profondément à l’importance de la médecine conventionnelle, qui reste une alliée essentielle dans tout parcours de soin. Les approches alternatives – corporelles, psychologiques ou énergétiques – peuvent, si la personne le souhaite, venir en soutien, dans une écoute globale et respectueuse de chacun·e.
Ce texte s’adresse à celles et ceux qui sentent, parfois confusément, que leur corps tente d’exprimer quelque chose de plus subtil… et qui souhaitent explorer cela, en toute bienveillance, et sans jugement.
Quand le corps en dit plus long que les mots...
Il arrive que la fatigue s’installe sans raison apparente. Que des douleurs récurrentes résistent aux traitements. Que le corps semble lancer un signal d’alarme, alors que les examens médicaux restent normaux.
Dans ces moments-là, il peut être juste de se poser cette question: Et si le corps parlait à votre place ? Et s’il exprimait une souffrance plus ancienne, plus profonde, une part de vous qui, sans le vouloir, cherche à rester dans un rôle familier: celui de la Victime ?
Le rôle de Victime: un abri plus qu’un défaut.
Dans le triangle dramatique décrit par Stephen Karpman, le rôle de Victime est rarement choisi consciemment. Il peut représenter un refuge, un moyen de se protéger lorsqu’il n’est plus possible d’agir, de se défendre, ou de demander.
Peu à peu, il arrive que l'on s’y installe presque malgré soi, parce qu’il donne accès à certaines choses: du soutien, de la compassion, une forme de permission au repos.
Mais ce rôle peut aussi engendrer des mécanismes inconscients, comme celui de s’empêcher d’aller mieux. De se maintenir dans l’échec, la fatigue, ou la douleur, non par faiblesse, mais par fidélité à une stratégie qui a un jour permis de survivre.
L’auto-sabotage: une tentative désespérée de rester en lien.
L’auto-sabotage, dans ce contexte, ne relève pas d’une volonté de nuire à soi-même. Il s’agit souvent d’une tentative de maintenir un lien: avec les autres, avec une forme d’attention, ou avec une identité profondément ancrée.
Le corps devient alors le relais d’un message non formulé:
« Je ne peux pas faire plus. Aidez-moi. »
« Regardez-moi. J’ai besoin de repos. »
« Je n’ai pas le droit d’aller bien tant que je ne suis pas reconnu·e dans ma souffrance. »
Ce n’est ni pathologique ni anormal. C’est humain. C’est une manière d’exister quand d’autres voies ont été bloquées, ou jamais apprises.
Guérir sans se renier.
Sortir du rôle de Victime n’implique pas de nier ce que vous avez vécu. Ni de rejeter votre corps lorsqu’il vous alerte. Il s’agit plutôt d’un chemin d’émancipation intérieure, qui permet de reconnaître les bénéfices cachés du rôle, sans y rester enfermé·e.
Cela peut passer par:
Apprendre à exprimer un besoin sans devoir tomber malade.
Demander de l’aide sans se sentir coupable.
Reconnaître sa valeur, même sans souffrance visible.
Honorer son histoire, tout en osant en écrire une nouvelle.
Ce mouvement vers soi demande du courage, mais il ouvre à une vie plus alignée, plus libre, plus consciente.
Le corps suit les pas de l’âme.
Le corps ne reste jamais figé. Il est capable d’évoluer, de s’apaiser, de se transformer. À mesure que vous sortez des dynamiques répétitives, que vous retrouvez un sentiment de sécurité intérieure, les tensions peuvent diminuer. Le sommeil s’améliore. La fatigue se relâche.
Parfois, ce sont de petites choses comme une respiration plus ample, un réveil un peu plus léger, une douleur qui s’éloigne. Ces petites choses sont souvent les premiers signes que quelque chose en vous commence à guérir.
En conclusion.
Il ne s’agit pas de juger, ni de forcer le corps au silence. Il s'agit plutôt de l’écouter autrement.
Car dans certains cas, la douleur n’est pas un ennemi à combattre, mais un langage à décoder. Un appel intérieur à changer de rôle. Un pas vers un nouveau récit, où vous n’avez plus besoin d’être une Victime pour exister pleinement.
Dans le prochain article, je proposerai une lecture personnelle du triangle à la lumière de la théorie polyvagale.
Une manière sensible et incarnée de comprendre comment notre système nerveux peut nous faire basculer en mode Victime, Persécuteur ou Sauveteur… et comment retrouver un état de présence plus libre et relié.
Chaleureusement,
Anne
Note : Le triangle dramatique a été proposé à l’origine par Stephen Karpman. Ce que je partage ici est une lecture personnelle, pour aider à mieux comprendre ce qui se joue en soi ou dans les relations.
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