Quand l’Observateur monte à son tour sur scène.
- Anne Besure

- 13 mai
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 3 oct.

Sortir du triangle dramatique, c’est possible. L’Observateur en détient la clé : une posture de recul, puis le courage d’entrer dans l’action avec d’autres outils (assertivité, Communication non violente, écoute consciente,...). Voici comment il change le scénario.
Quand l’Observateur choisit d’entrer en scène.
Le triangle dramatique de Karpman met en lumière trois rôles qui se poursuivent et s’enchevêtrent : la Victime, le Persécuteur et le Sauveteur. Comme des acteurs enfermés dans une pièce sans fin, ils répètent toujours la même comédie, chacun se croyant contraint à son rôle.
Mais il existe une quatrième présence, discrète, presque invisible : l’Observateur.
L’Observateur : la conscience en marge.
L’Observateur est cette part de nous capable de voir le jeu sans s’y laisser happer. Il ne se confond ni avec la plainte de la Victime, ni avec la dureté du Persécuteur, ni avec la bonne volonté épuisée du Sauveteur.
Il reste au balcon, attentif, lucide, témoin des dynamiques relationnelles.
C’est déjà une première libération : mettre une distance, respirer, choisir de ne plus être prisonnier du scénario.
Monter sur scène : l’audace de transformer.
Pourtant, l’Observateur n’est pas condamné à rester spectateur. Il peut oser descendre du balcon et entrer sur scène. Mais, contrairement aux autres rôles, il n’y entre pas pour alimenter le drame : il y vient pour en changer la musique.
Ses outils ? Des formes de communication qui ouvrent au respect, à la clarté, à l’authenticité.
L’assertivité et la CNV : une posture et un outil
L’assertivité est cette capacité à exprimer ses besoins et ses limites avec clarté, sans agressivité ni soumission. Elle repose sur une posture intérieure : affirmer sa vérité tout en respectant celle de l’autre.
La Communication Non Violente (CNV), développée par Marshall Rosenberg, en est une application concrète. Elle propose une méthode en quatre étapes :
observer sans juger,
nommer son sentiment,
identifier son besoin,
formuler une demande claire.
Grâce à cette structure, la posture assertive prend corps dans un langage simple et apaisant, qui permet de sortir du jeu dramatique.
Exemple :
- Persécuteur : " Tu es toujours en retard, tu me manques de respect "
- Victime : " Ce n’est pas grave, je m’adapte "
- Observateur : " Quand tu arrives vingt minutes après l’heure prévue (observation), je me sens frustré (sentiment), parce que j’ai besoin de fiabilité (besoin). Est-ce que tu pourrais m’envoyer un message la prochaine fois ? (demande) ".
D’autres outils au service de l’Observateur-acteur.
- La pleine conscience relationnelle : rester présent à soi et à l’autre, respirer avant de réagir.
- Le langage du “je” : parler en son nom propre, plutôt que d’accuser.
- L’écoute active : reformuler ce que dit l’autre, offrir le sentiment d’être entendu.
- Les limites claires : apprendre à dire " non " sans fermer la porte, et " oui " sans se nier.
- La relecture symbolique : voir dans le conflit non pas une attaque personnelle, mais un scénario collectif où chacun rejoue un rôle.
- La régulation émotionnelle : cohérence cardiaque, micro-pauses, un souffle profond qui permet au corps de rester ancré.
Conclusion: une sortie "par le haut".
Lorsque l’Observateur choisit de prendre la main, il ne joue pas au jeu du triangle : il en change les règles. Il introduit un espace d’écoute, de responsabilité et de respect mutuel. Il rappelle que derrière chaque rôle figé, il y a une personne qui aspire à être reconnue dans sa vérité. Et peut-être est-ce cela, finalement, la vraie sortie du drame : découvrir qu’il ne s’agit pas de gagner ou de perdre, mais de retrouver la rencontre vivante.
Mais parfois… il ne suffit pas de voir. Parfois, un de ces 3 rôles, on ne l’a pas juste joué une fois de trop : on l’a appris très tôt, on l’a porté si longtemps qu’il est devenu comme une seconde peau.
Avant de parler de relations toxiques, avant même d’aborder la question de l’emprise, j’aimerais prendre un temps pour explorer cet endroit-là. Ce moment où le jeu devient habitude, où l’habitude devient identité. Parce que pour certaines histoires, sortir du triangle demande plus qu’un pas de côté: cela demande d’honorer ce qui, en nous, a eu besoin de ce costume pour tenir debout.
Ce sera l’objet du prochain article : quand le rôle devient une seconde peau, et que l’on ne sait plus comment faire sans lui…
Chaleureusement,
Anne



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