Libération d’un lien toxique: et s’il ne s’agissait pas de " couper " ?
- Anne Besure

- 22 juil.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 3 oct.

Dans le monde du développement personnel et des pratiques énergétiques, on entend souvent parler de " couper les liens toxiques ", de " trancher l’attache " ou encore de " rompre un pacte inconscient". Ces images, puissantes, sont parfois utiles dans des contextes bien particuliers. Mais elles peuvent aussi porter une forme de violence symbolique, une tension intérieure supplémentaire pour celle ou celui qui cherche à se libérer d’un lien d’emprise.
Une approche que j’ai aussi eue, autrefois.
Je dois dire qu’à une certaine époque, moi aussi, je pensais qu’il fallait couper le lien. Qu’il fallait prendre une grande paire de ciseaux symboliques, ou un sabre de lumière, et trancher net. C'était une sorte de réflexe naturel. Et c'était souvent ce que l'on m'apprenait pendant les formations en "soins énergétiques".
Mais au fil du temps, grâce à mon propre parcours et l'accompagnement que je propose, j’ai compris que ce n’était pas toujours l’approche la plus juste. Que dans certaines situations cette approche pouvait en réalité s'apparenter à un mécanisme de fuite.
Et parfois, la fuite est nécessaire, vitale, et même suffisante. S’arrêter là est aussi une possibilité juste : chacun avance à son rythme, avec ses propres ressources.
Mais il arrive aussi que la fuite ne suffise pas, car certains liens portent une histoire plus vaste.
Et ce lien, aussi douloureux ou destructeur soit-il, a existé. Il a parfois été fondé sur une histoire intime, des blessures profondes, des fidélités invisibles ou des pactes inconscients signés dans l’enfance. Vouloir le trancher d’un coup d’épée revient parfois à nier la complexité de ce qui nous relie.
Travailler la racine, plutôt que la corde.
Je crois aujourd'hui profondément que les liens les plus douloureux ne se dénouent pas toujours par force. Ils s’étiolent, se dissolvent doucement, quand le travail intérieur a été mené jusqu’à la source. Quand la racine de la dépendance, de la dette ou de l’emprise a été reconnue, honorée, puis transformée.
Prenons l’exemple de cette femme, enfermée dans des relations où elle donne sans compter, sans jamais recevoir. Ce schéma, en apparence extérieur, trouve souvent sa source dans une histoire ancienne : une loyauté invisible envers une mère absente, exigeante ou blessée, qui lui a appris très tôt que l’amour s’achetait par le sacrifice de soi. L’enfant qu’elle a été a intégré un rôle: celui de réparer, d’apaiser, de sauver, qu’elle rejoue encore adulte.
Vouloir " couper le lien " avec cette mère ou ces figures toxiques peut générer de la culpabilité, de la confusion ou même un sentiment de trahison. Mais si, en profondeur, cette femme travaille à retrouver ses limites, à honorer ses besoins, à recontacter son droit à recevoir, qu'elle met à jour une loyauté invisible, peut-être même transgénérationnelle… alors, un jour, le lien se transforme.
Il ne se rompt pas dans le fracas. Il s’allège, il se délie. Non dans la violence, mais dans une sorte de paix nouvelle. Une alchimie intérieure qui rend inutile la présence de l’autre, ou son pouvoir sur nous.
Ce lien peut alors devenir comme une poussière dorée portée par le vent.
Une autre façon de se libérer
Libérer un lien toxique, ce n’est pas faire systématiquement disparaître le lien à tout prix. C’est retrouver son pouvoir intérieur, remettre de la lumière sur ce qui a été figé, et laisser le lien changer de forme, ou s’éteindre de lui-même.
À mes yeux, c’est un processus plus juste, plus profond, plus doux. Et infiniment plus durable.
Chaleureusement,
Anne



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